L'HORLOGE ROUGE

IL ETAIT UNE FOIS…

Des questions sur l'héritage des contes de fées ///////////
Des non-réponses sur la réception/construction de la féminité actuelle ////////////

Une série de toiles figuratives drôles et coquines, signée MANDRE.
Un pendant pictural des Contes à faire rougir les petits chaperons de Jean-Pierre Enard.
Un merveilleux bordel. Une palette paillarde.
Un érotisme insidieux (plus qu'une pornographie rigolote au final).
Des situations à la fois excitantes et anxiogènes, où plaisir et culpabilité forment un couple des plus soudés.

Il était une fois des lectures initiatiques donc.

Au-delà de l’essai de Bruno Bettelheim Psychanalyse des contes de fées, force est d’admettre que les contes ne cessent de nous accompagner –et ce, bien au-delà du stade œdipien-, s’invitant à la table de la sociologie en plus de celle de l’inconscient.
Le Syndrome de Peter Pan s’impose pour qualifier une nouvelle génération d’hommes en crise avec leur virilité et empêtrés dans les jupons de la mère Wendy ; quant au Complexe de Cendrillon, celui-ci s’applique volontiers aux Wonder Women de l’ère post-MLF qui ne savent que faire finalement de leur belle indépendance, n’aspirant qu’à remettre leur sort entre les mains d’un Prince Charmant bien viril (mais où est-il ?)…
Ainsi, la lecture sociologique des contes et leur résonance psychanalytique met en évidence des comportements sexuels stéréotypés que nous reproduisons inlassablement.

... UN DRAME DE PRINCESSE

Pour accompagner les toiles de MANDRE >>>
une installation sonore conçue par Vera S.AK.é, à partir de la dramaturgie acide de l'auteure contemporaine Elfriede Jelinek, qui s'amuse elle aussi avec les contes.

Démonter les comportements face au sexe opposé.
Inscrire la femme et l’homme dans un rapport de force, dialectique au possible.
Renverser la situation initiale afin d’éviter un dénouement trop prévisible. Blanche-Neige sera-t-elle donc épargnée par le chasseur ? La princesse sera-t-elle comme prévu réveillée par le prince ? Et comment ?…

Jelinek fait des mythes ce qui lui chante, insistant sur leur caractère primitif –et par là sexuel- où la nature a raison des attitudes civilisées. Mais au final, les contes sont ici une jungle dont on sort rarement indemne et où les tentatives d’émancipation des femmes échouent tragiquement.
Oui, il faudrait que les petites filles cessent de vouloir être des princesses (ou des infirmières, au sens figuré) car leur attente de l’homme –toujours bien palpable malgré les bons conseils, entre autres, de Simone de Beauvoir- et leur dévouement sans borne pourraient bien faire de leur vie un drame sans fin.

PIECE-MAITRESSE

Pointer l’importance de cet espace-là, autrement dit la chambre (à soi ?) comme scène idéale et prison mentale où la femme joue et ressasse son rôle d'amante, d’éternel féminin, de femme-objet et de pseudo-dominatrice.

La femme, élément indispensable du récit, du rêve, du fantasme, ironiquement considérée comme la pièce-maîtresse de toutes ces histoires qui véhiculent volontiers l’idéologie suivante, à savoir que son destin doit nécessairement être remis entre les mains d’un homme (l’amour), que le biologique est l’issue logique de son existence (la maternité) et que son travail domestique ne bénéficiera d’aucune reconnaissance sociale (femme au foyer désespérée).
Ne lui reste que la stratégie de l’araignée, tissant sa toile avec patience… Femme piégée ou femme-piège ? Ambivalence persistante et guerre des sexes insoluble. Quel pouvoir les hommes sont-ils prêts à accorder aux femmes, finalement ?…

V.S.